dimanche 20 septembre 2009

Ru

Petit vallon creusé par un ru

Ru naissant dans une flaque d'un chemin

(a) Un ru est un petit ruisseau. Ce sont les rus qui font la grande rivière. Ils sont ses tributaires, le plus souvent anonymes. Comme les serfs de jadis, ils n'ont généralement pas de nom. Ils n'ont souvent pas de trace sur les cartes de l'I.G.N. C'est pourquoi se sont surtout eux qui mouillent vos chaussures. La nature ayant eu la bonne idée de faire passer les rivières sous les ponts.

(b) Faire de la géographie ou faire du tourisme à l'échelle du ru exige de la résolution mathématique et de la résolution psychologique. Un ru d'aujourd'hui est parfois le vestige d'un ruisseau manquant d'hier. Du coup, le paysage, toujours différent, devient en outre signifiant. La cause de cette dégradation du ruisseau en ru est parfois fort lointaine (à l'échelle du ru). Ce peut être un effondrement (un graben) comme celui de la Plaine du Forez. L'agent de la transformation est généralement un autre ruisseau, à l'occasion d'une reprise d'érosion.

(c) Historiographie. Les paysans (les gens du pays) ont une connaissance non-écrite des rus. Faute d'écriture, leurs idées sur le sujet ne courent pas les rues. Il faut le talent de conteur d'un Henri Pourrat pour écrire l'Histoire des rus.

- "Si j'y trouvais le progrès des connaissances humaines, les degrés par lesquels les sciences et les arts se sont perfectionnés ! Mais point du tout. Cette partie de l'histoire, la seule vraiment intéressante, la seule digne de la curiosité du sage, est précisément celle que les compilateurs de faits ont le plus négligée ; infatigables narrateurs de ce qu'on ne leur demande pas, ils semblent s'être donné le mot pour taire ce qu'on voudrait savoir. Tandis que des vautours s'égorgeaient, des vers à soie filaient pour nous dans le silence ; nous jouissons de leur travail sans les connaître, et nous ne savons que l'histoire des vautours. (Jean Le Rond d'Alembert, "Réflexions sur l'histoire et sur les différentes manières de l'écrire")".

(d) "L'Histoire des rus", c'est comme une Histoire où il y aurait plus de paysans que de seigneurs. Cette Histoire serait plus précise. Elle serait indissociable de la Géographie. Elle serait probablement plus réaliste.

- "Ne vous élevez pas au-dessus de lui, vous autres qui vous croyez investis du droit légitime et imprescriptible de lui commander, car cette erreur effroyable où vous êtes prouve que votre esprit a tué votre coeur, et que vous êtes les plus incomplets et les plus aveugles des hommes !... J'aime encore mieux cette simplicité de son âme que les fausses lumières de la vôtre ; et si j'avais à raconter sa vie, j'aurais plus de plaisir à en faire ressortir les côtés doux et touchants, que vous n'avez de mérite à peindre l'abjection où les rigueurs et les mépris de vos préceptes sociaux peuvent le précipiter. Je connaissais ce jeune homme et ce bel enfant, je savais leur histoire, car ils avaient une histoire, tout le monde a la sienne, et chacun pourrait intéresser au roman de sa propre vie, s'il l'avait compris... Quoique paysan et simple laboureur, Germain s'était rendu compte de ses devoirs et de ses affections. Il me les avait racontés naïvement, clairement, et je l'avais écouté avec intérêt. Quand je l'eus regardé labourer assez longtemps, je me demandai pourquoi son histoire ne serait pas écrite, quoique ce fût une histoire aussi simple, aussi droite et aussi peu ornée que le sillon qu'il traçait avec sa charrue. L'année prochaine, ce sillon sera comblé et couvert par un sillon nouveau. Ainsi s'imprime et disparaît la trace de la plupart des hommes dans le champ de l'humanité. Un peu de terre l'efface, et les sillons que nous avons creusés se succèdent les uns aux autres comme les tombes dans le cimetière. Le sillon du laboureur ne vaut-il pas celui de l'oisif, qui a pourtant un nom, un nom qui restera, si, par une singularité ou une absurdité quelconque, il fait un peu de bruit dans le monde ?... (George Sand, "La Mare au Diable", 1846, chapitre II, Le labour)".

(e) "Ru" est aussi le symbole chimique pour le ruthénium.

(f) En Forez, les rus ont parfois le nom de "goutte".

(g) Toponymie et patronymie. Une ancienne forme de "ru" est "rieu" qui, au pluriel, a donné des patronymes comme "Rieux".

- "Sy chevaucha tant Gadiffer qu'à ung soir il s'embaty sus ung merveilleux pas, car le rieu d'une fontaine y couroit de tel randon que l'eaue avait cavé la terre sy en parfont qu'il n'étoit cheval
qui eust pu passer oultre, tant estoient les rives haultes. ("Le roman de Perceforest", vers 1340 ou "La tres elegante, delicieuse, melliflue et tres plaisante hystoire du tres noble, victorieux et
excellentissime roy Perceforest, roy de la Grande Bretaigne")".

(h) Voir Béal. Béal comtal. Goutte de l'Oule. Grange de Drayard. Probois. Traverse de Courreau. Trézaillette. Vizézy.

(i) Randonnées photographiques : "Béal du Sceytol", à Sauvain.

Randonnée

(a) Une randonnée, terme du XII ème siècle, est :

- une "course rapide" ( Jodelle, 1574) ;

- un "circuit, un tour que fait la bête autour de l'endroit où elle a été lancée" (terme de vénerie) ;

- une "promenade longue et ininterrompue", une "errance", une "excursion", une "promenade".

- En sport. Une "course impliquant longueur et durée (avec ou sans idée de compétition)".

(b) Etymologie immédiate. Le verbe "randonner" (intransitif, du XII ème siècle, en 1155) vient de l'expression "à randon" signifiant "avec impétuosité", "avec violence". On dit d'un cheval qu'il va à randon quand, tentant d'échapper aux ordres de son cavalier, il va de part et d'autre.

(c) En amont. L'ancien français "randir", signifiant "courir avec impétuosité", vient du francique "rant". On cite aussi une étymologie latine, un peu tirée par les cheveux, depuis le bas latin "ambitare" signifiant "courir". Tout ne vient pas des Romains ! Dans son sens actuel, le verbe "randonner", qui est intransitif, ne date que de 1896 et surtout de 1950, quand furent créés les premiers itinéraires de grande randonnée (label et sigle G.R.). Le premier GR fut le ... GR3, à proximité de la Loire, dans le Massif Central. Mais les sigles GR1 et GR2 avaient été réservés pour Paris et sa région !

(d) A propos des fractales hasardeuses, à composante probabiliste, Benoît Mandelbrot rapproche le français "randon" de l'anglais "random". Le mot nous est revenu avec "randomisation", "distribution aléatoire", terme de statistique, pour constituer des panels ou des échantillons représentatifs d'une population.

(e) Un sentier ou un chemin de grande randonnée est un "sentier balisé formant un itinéraire pour la marche à pied".

(f) On distingue la randonnée journalière de la petite randonnée (PR) qui se fait en une demi-journée et de la Grande Randonnée (GR, tour du Mont Blanc, Tour du mont Viso, Tour du mont Thabor, ...) qui dure plusieurs jours, avec nuits passée en gites ou en refuges.

(g) Le trail (mot anglais, absent des dictionnaires français) est une forme de grande randonnée pédestre qui se fait à la course. Les champions font le Tour du Mont Blanc, non pas en huits jours de marche, mais en 24 heures de course.

(h) Il existe aussi des randonnées équestres, cyclistes, à ski, etc.

(i) Le layonnage est une forme de randonnée dans laquelle il faut tailler son chemin, réduit à l'état de layon, à la force du poignet (armé d'un sécateur, d'une machette, d'une scie ou d'une serpe à bois).

(j) Usage métaphorique : "tourner autour du pot", "user de détours".

- "Lecteurs, attendez que j'aie terminé mes vanteries pour arriver ensuite au but, à la manière du philosophe Platon faisant sa randonnée autour de son idée. Je suis devenu le vieux Sidrac, l'âge m'allonge le chemin. Je poursuis: je serai long encore. Plusieurs écrivains de nos jours ont la manie de dédaigner leur talent littéraire pour suivre leur talent politique, l'estimant fort au-dessus du premier. Grâce à Dieu, l'instinct contraire me domine, je fais peu de cas de la politique par la raison même que j'ai été heureux à ce lansquenet. Pour être un homme supérieur en affaires, il n'est pas question d'acquérir des qualités, il ne s'agit que d'en perdre. Je me reconnais effrontément l'aptitude aux choses positives, sans me faire la moindre illusion sur l'obstacle qui s'oppose en moi à ma réussite complète. Cet obstacle ne vient pas de la muse; il naît de mon indifférence de tout. Avec ce défaut, il est impossible d'arriver à rien d'achevé dans la vie pratique. (François-René de Châteaubriand, "Mémoires d'outre-tombe", 1850, Partie II)".

(k) Mystères du Moyen-âge. La coustille de Random (in "La Vie de Monseigneur Saint-Fiacre, rimée en françois") était un couteau qui était fabriqué à Randon.

(l) Voir Layonner. Layonneur. Randonnée onomastique. Randonnées commentées. Randonnées photographiques.

Randon

(a) L'ancien français "randon", signifiant "impétuosité", "force", "fougue", est à l'origine des mots "randonnée" et "randonner". Il a aussi donné l'anglais "random" signifiant "hasard".

(b) Etymologie. L'ancien verbe français "randir", signifiant "courir avec impétuosité", vient lui-même du francique "rant".

- "Je ne vois randissant par la forest, sinon pour le trouver, et parler à luy. ("Le roman de Perceforest", vers 1340, VI, folio 38, ou "La tres elegante, delicieuse, melliflue et tres plaisante
hystoire du tres noble, victorieux et excellentissime roy Perceforest, roy de la Grande Bretaigne", titre de l'édition de 1528, à Paris)".

(c) Le mot apparaît dans les expressions "à randon", "de randon" ou "à grand randon" :

- "Et quant Bethidés et le Chevalier Doré veirent ce, ilz coururent sus au chevalier de grant randon. ("Le roman de Perceforest", vers 1340 ou "La tres elegante, delicieuse, melliflue et tres
plaisante hystoire du tres noble, victorieux et excellentissime roy Perceforest, roy de la Grande Bretaigne")".

- "Quant celui au blancq cheval entendy ce, sans mot dire il picqua son cheval de randon. ("Le roman de Perceforest", vers 1340 ou "La tres elegante, delicieuse, melliflue et tres plaisante
hystoire du tres noble, victorieux et excellentissime roy Perceforest, roy de la Grande Bretaigne")".

- "Us soioient de randon les blés. » (Jehan Froissart, XV, 107)" ;

- " Li yawe entra à grant randon dedens. (Froissart, V, page 263) ;

- "Coururent de randon. (Froissart, IV, 45)".

Alluvions


(A) Nom féminin.


- "Une alluvion se situe dans une vallée et provient du transport par l'eau, sur de longues distances, de matériaux divers, souvent arrondis, se trouvant en amont de l'endroit étudié. De ce fait, la nature des matériaux peut être très différente de celle qui se trouve sur les pentes et plateau du paysage alentour. (Glossaire de pédologie)".

- Pompéi fut ensevelie par une alluvion boueuse provenant des flancs du Vésuve.

- L'adjectif "alluvial, alluviale" signifie "qui est le produit d'une alluvion".

- "(Droit). Elle appartient au propriétaire riverain, toutes les fois qu'elle se forme imperceptiblement et insensiblement, lors même qu'elle résulterait de travaux d'endiguement entrepris par l'État. Si elle a lieu au bord d'un fleuve ou d'une rivière navigable ou flottable, le riverain qui en profite doit laisser le chemin de halage. Si le cours d'eau est immédiatement bordé par un chemin public ou un chemin vicinal, l'alluvion ne peut être réclamée par les propriétaires dont les fonds sont situés au-delà de ce chemin. Le droit de profiter des alluvions ne peut empêcher l'administration de les faire disparaître si elles nuisent à la navigation, ni d'opérer le curage des cours d'eau.
Les terrains que l'eau courante laisse à découvert en se retirant insensiblement d'une de ses rives et en se portant sur l'autre forment des relais, alluvion dont profite le propriétaire de la rive découverte, sans que le riverain de la rive opposée puisse réclamer le terrain qu'il a perdu. Celui-ci pourrait néanmoins réclamer si l'envahissement de son terrain par les eaux résultait d'un débordement subit qui aurait reporté le lit de la rivière en partie notable sur un de ses côtés.
L'alluvion formée insensiblement, soit par le retrait des eaux, soit par le transport de la terre sur une rive, ne forme pas un nouveau fond ; elle fait partie de celui auquel elle se joint, et en suit le sort pour la propriété ou la possession. L 'étendue de l'alluvion se mesure, pour chaque riverain, par celle du terrain qu'il possède en face de la rivière.
L'alluvion n'a pas lieu à l'égard des lacs et étangs, dont le propriétaire conserve toujours le terrain que l'eau couvre quand elle est à la hauteur de la décharge de l'étang, encore que le volume de l'eau vienne à diminuer ; réciproquement, le propriétaire de l'étang n'acquiert aucun droit sur les terres riveraines que son eau vient à couvrir dans des crues extraordinaires. L'alluvion n'a pas lieu non plus à l'égard des torrents ni des canaux, ni des biefs de moulins et usines.
Si un fleuve ou une rivière, navigable ou non, enlève, par une force subite, une partie considérable et reconnaissable d'un champ riverain, et la reporte vers un champ inférieur ou sur la rive opposée, le propriétaire de la partie enlevée peut réclamer sa propriété ; mais il ne peut former sa demande que dans l'année, à moins que, même après ce délai, il n'ait pas encore été pris possession de la partie enlevée. Toutefois cette revendication ne s'appliquerait pas à des sables, des pierres et terres amenés en détail de la rive opposée. On devrait regarder comme une alluvion et non comme un déplacement subit, l'atterrissement qui se serait formé petit à petit sous les eaux, mais qui aurait paru subitement après que l'accumulation, d'abord inaperçue, aurait été complète ; le terrain formé de la sorte appartiendrait au riverain dont il joindrait le fond (C. Nap., art. 556-559).
Alluvion (Agriculture)
Les terres d'alluvion, composées de toutes les substances minérales qu'entraînent les eaux courantes et du riche limon dont ces eaux sont troublées lorsqu'elles débordent sur leurs rives, sont les plus fertiles de toutes celles qu'exploite l'industrie agricole ; ce sont aussi les plus faciles à labourer en toute saison. Les bonnes terres d'alluvion profondes sans être compactes et plutôt légères que fortes, conviennent spécialement pour la culture des plantes très épuisantes, telles que le lin et le chanvre, et pour celle des arbres fruitiers élevés en pépinière. Voy. Lin, Chanvre, Pépinière. ("Dictionnaire universel de la vie pratique à la ville et à la campagne", entrée "Alluvion")".


(B) Terme de géologie.


(a) Forme de sédimentation due à l'érosion hydraulique, les alluvions (cailloux, graviers, sables, boues) sont le dépôt de matériaux et de résidus laissés par l'eau en se retirant ou en passant.

(b) Le mot a donné : alluvial, alluvionnaire, alluvionnement et alluvionner.

(c) Le fond d'une plaine alluviale est tapissé de composants alluvionnaires déposés par l'alluvionnement. Un cours d'eau alluvionne quand sa charge dépasse sa capacité ou sa compétence alluviales.

(d) Il n'y aurait pas d'agriculture sans l'érosion qui produit les alluvions. Les formes les plus anciennes connues (révolution néolithique) furent dépendantes des crues du Tigre, de l'Euphrate ou du Nil.

(e) Un cours d'eau dépose ses alluvions dans une plaine. Il peut lui arriver de recreuser ses alluvions. Quand le cours d'eau est descendu plus bas que le niveau de ses anciens alluvions, il se forme une terrasse alluviale. La formation d'une terrasse alluviale suppose une reprise d'érosion après une phase de sédimentation.

(f) Voir Buttes de la plaine. Effondrement. Graben. Horst. Petit lac forézien. Schiste.

De randon

De randon

(a) Le nom commun "randonnée" (XII ème siècle) et le verbe "randonner" (intransitif, du XII ème siècle, en 1155) viennent des expressions "à randon" et "de randon" signifiant "avec

impétuosité", "avec violence" et "à grand randon" signifiant "en foule", "abondamment".

- "Le vin s'en va à randon".

- "Li Vileins s'en vet de randon
O tot la nef que il enmeine,
Et Renart de mangier se peine
Le chapon qui est gras et gros.
(Jacquemars Giélée, Lille, XIII ème siècle, "Renart le Nouvel", suite au "Roman de Renart")".

- "L'eau coule à grand randon de la fontaine".

- "Le monde sort à grand randon de la ville".

- "Et ce disant, mit le pied sus la teste du rasteau, qui leva la perche qu'ele vint frapper du long du visage, si que le nés lui esclatta et en sortit sang à randon, et lors il luy souvint de son lenguage

et dict : "Et di Dei despei du rasté !" car douleur et hipocrisie ne peuvent repaire ensemble. (François de Bonivard, chroniqueur genevois, XVI ème siècle)".

(b) Appliqué à des hommes comme Bertrand Du Gesclin, le verbe "randonner" signifie "aller de randon", "lancer un cheval", "se lancer à l'assaut".

(c) Occurrences diverses :

- "Us soioient de randon les blés. (Jehan Froissart, XV, 107)" ;

- "Coururent de randon. (Froissart, IV, 45)".

jeudi 17 septembre 2009

Croix aux argnats



Signe chrétien apotropaïque.

(a) Superstition. Les croix aux argnats, dont le fût et les traverses comportent des bubons, visent à protéger de la peste.

(b) Linguistique. En patois, les bubons sont nommés "argnats", un mot signifiant aussi "furoncle".

(c) Patrimoine local. Il existe des "croix des argnats" à Roche (près du cimetière), à Marols, à Marcilly-le-Châtel et à Gumières (à main droite, en face d'une croix plus simple, sur le chemin reliant le bourg au hameau nommé Le Besset). L'une d'elles, dans la vallée du Vizézy, sur la commune d'Essertines-en-Châtelneuf, a été restaurée.

(d) Assez semblables aux croix aux argnats, les croix aux écots (à Saint-Georges-en-Couzan, Saint-Amand-Roche-Savine, Job) semblent porter des bourgeons ou des stigmates d'un élagage.

Le bois de la Croix devient alors un Arbre de Vie. Ces croix sont fréquentes en Bretagne et dans le Massif Central (à Vodable, à l'ouest d'Issoire), dès le XII ème siècle. Une croix aux écots se trouve, dans une vitrine, sous le porche de la chapelle de Lavieu.

- "Léon Hernot, le fils de Yves II, a sculpté le monument aux morts de Lannion. Paul Hernot, autre fils, le calvaire de Ploulec’h avant de choisir la marine. Ce n'est que vers 1932 que l'entreprise Hernot ferma ses portes.
Nota : une croix Hernot se signale surtout par un fût, souvent circulaire, parfois à quatre pans écotés. Les branches de la croix présentent aussi des écots et leurs extrémités s'évasent souvent en une sorte de corolle éclatée. Quant au Christ, sa tête est le plus souvent penchée sur l'épaule droite, le torse saille et se détache du fût. Les pieds ne sont jamais croisés l'un sur l'autre. ("Hernot, famille de sculpteurs", document du web)".

(e) Etymologie. Le verbe patois "ecotô" signifie "enlever les branches d'un arbre". Dérivé de "cortex, corticis", "écorce", le verbe bas latin "excorticare" signifie "enlever l'écorce" et par métaphore, "enlever la peau", "écorcher" (terme de 1160).

- "Ébranché : Arbre dont les branches ont été coupées. On rencontre aussi émondé. 1772 Se dit d'un arbre dont on a coupé les branches. 1780 Se dit d'un arbre dont les branches ont été coupées. 1864 Se dit d'un tronc d'arbre dont les branches ont été enlevées. Même signification que écoté. 1885 Se dit d'un arbre dont on a coupé les branches. 1887 Se dit d'un tronc d'arbre dont on a coupé les branches. 1899 Se dit d'un arbre dont les branches semblent avoir été coupées, et après le tronc duquel on ne voit plus que les écots. (Dictionnaire héraldique, document du web)".

(f) Toponymie. "Les Écots" désignent un bois de la commune d'Apinac. L'Ecot est un hameau de la commune de Bonneval-sur-Arc.

mercredi 16 septembre 2009

La Mare

Photo : Après une percolation dans un marais, La Mare naît dans une flaque d'un sentier.

(a) La Mare est une rivière qui prend sa source principale à 1185 mètres, dans les monts du Forez, et descend vers la plaine du Forez où elle se jette dans la Loire, 46 kilomètres plus loin, à Montrond-les-Bains. Le début de son cours, à très faible pente, sert de limite administrative entre le Puy-de-Dôme (63) et le département de la Loire (42). Du fait de la première phase de l'effet de foehn, le débit de la Mare est important. En effet, on compte au moins quinze autres sources (de même importance que l'officielle) et quatre ruisseaux affluents au-dessus de 1000 mètres d'altitude.

A vol d'oiseau, la source la plus au Nord (dans la Grande Sagne, dans la fumade d'une ancienne jasserie, près du Roy et du col de la croix-de-l'homme-mort) et la source la plus au Sud (officielle, vers Ferréol) sont espacées de 7 kilomètres. D'autres sources alimentent encore La Mare, jusqu'à Gumières.

(b) Orientation. Le cours de la Mare, initialement Sud-Nord (et Nord-Sud pour un bras annexe, lui-même ramifié), dans le haut vallon de la Mare, se trouve détourné vers l'Est, dans le vallon médian, par une faille qui amène les eaux vers le vallon de Gumières (orienté Nord-Ouest-Sud-Est). Cette faille et ce basculement du horst forézien, sont liés à la tectonique des plaques et à la formation des Alpes. Au-delà du hameau de Vau (commune de Saint-Jean-Soleymieux), le cours est changé plusieurs fois, de plus en plus tourné vers l'Est.

- "Deuxièmement, l'organisation du réseau hydrographique revient en grande partie aux phases de surrection des massifs montagneux. L'orientation est-ouest révèle les principales cassures tectoniques et confirme la pente post-oligocène qui raccordait les monts du Soir à la Loire. La dernière phase orogénique conjuguée avec l'abaissement du fleuve a donné une nouvelle direction aux cours d'eau foréziens. Selon A. Le Griel, cette hypothèse justifie les datations pliocène des réseaux du Lignon, de l'Aix, de la Curraize et de la Mare, mais également la direction sud-ouest -nord-est de l'Onzon et la capture potentielle du Vizézy qui bifurque à mi-parcours vers le nord-est. (Jean-Noël Degorce, "Les milieux humides dans la Loire", Centre d'Etudes Foréziennes,

Saint-Etienne, 1998)".

(b) Le bassin d'effondrement d'Ambert ou de la Dore résulte de l'effondrement de la clef de voûte d'un anticlinal formé lors de l'érection des Alpes. Il est lui-même compris entre l'effondrement de la Grande Limagne de Clermont-Ferrand et l'effondrement forézien de la plaine de la Loire. A ce premier système de failles (majoritairement Nord-Sud), s'ajoute un second système qui oriente le cours vers l'Est.

- "Ainsi les monts du Forez forment un important fragment d'un anticlinal granitique N-S, séparant les plaines de la Loire de celles de l'Allier. C'est cet anticlinal cassé (failles N-S) qui est à l'origine de la formation de ces montagnes. Mais des accidents SE-NO beaucoup moins réguliers, affectant cet ensemble fondamental, déterminent des accidents de détail qui, en certains points, dissimulent la trame première, beaucoup moins marquée dans le détail du relief actuel. (Bruno du Roselle, "Les Monts du Forez - Recherches morphologiques", in Persée, Annales de Géographie,

Juillet-Octobre 1950)".

- "Résumé. Les Monts du Forez, dans l’est du Massif central français, constitués de roches magmatiques (granites) et métamorphiques (gneiss, migmatites), se sont édifiés à l’ère Primaire au cours de la phase tectonique hercynienne, qui se clôture par une activité volcanique au Carbonifère. Au Tertiaire, l’orogénèse alpine a créé un système de horsts et de grabens qui ont donné à la région sa configuration actuelle, les Monts du Forez étant bordés par deux grandes failles nord-sud limitant les fossés de la Limagne et de la Plaine du Forez. Cette phase alpine se termine par un épisode volcanique miocène. Enfin, les glaciations du Quaternaire ont modelé les paysages actuels. (M. Boudrie, "Présentation géologique de l'ensemble Monts du Forez, montagne Bourbonnaise, limagnes, plaine du Forez, in Journal de Botanique, 2004)".

(c) Référence encyclopédique :

- "La Mare est une rivière française qui coule dans les départements du Puy-de-Dôme (63) et de la Loire (42). C'est un affluent direct de la Loire en rive gauche.
Géographie.
La longueur de son cours est de 46,6 km. La Mare naît dans les monts du Forez, sur le territoire de Saint-Clément-de-Valorgue, dans le département du Puy-de-Dôme non loin de la limite du département de la Loire. Elle se dirige d'abord vers le nord pendant 4-5 kilomètres. Aux abords de Saint-Anthème, elle entame une large boucle vers la droite (vers l'est) qui lui fera prendre la direction de l'est-sud-est, après avoir pénétré le territoire du département de la Loire. Arrivée à Saint-Marcellin-en-Forez, elle effectue une nouvelle boucle, vers la gauche cette fois, et prend alors la direction du nord-nord-est, direction qu'elle maintient plus ou moins tout au long du reste de son parcours de 46 kilomètres. Elle finit par se jeter dans la Loire à Boisset-lès-Montrond.
Communes traversées.
La rivière traverse ou longe les communes suivantes (d'amont en aval) :
Département du Puy-de-Dôme : Saint-Clément-de-Valorgue et Saint-Anthème
Département de la Loire : Gumières, Soleymieux, Saint-Jean-Soleymieux, Margerie-Chantagret, Boisset-Saint-Priest, Chenereilles, Sury-le-Comtal, Saint-Marcellin-en-Forez, Saint-Romain-le-Puy, Précieux, L'Hôpital-le-Grand et Boisset-lès-Montrond.
Hydrologie.
Comme la plupart des cours d'eau issus des monts du Forez, la Mare est une rivière abondante. Son débit a été observé durant une période de 38 ans (1971-2008), à Saint-Marcellin-en-Forez, localité située à une bonne quinzaine de kilomètres de son confluent avec la Loire, et juste en amont du canal du Forez qui, coupant son lit, capte une partie de ses eaux. Le bassin versant de la rivière y est de 95 km² soit plus ou moins 80 % de la totalité de celui-ci.
Le débit moyen interannuel ou module de la rivière à Saint-Marcellin-en-Forez est de 0,864 m³ par seconde.
La Mare présente des fluctuations saisonnières de débit relativement modérées, avec une longue période de hautes eaux d'hiver et de printemps caractérisée par un débit mensuel moyen évoluant dans une fourchette de 1,10 à 1,30 m³ par seconde, de décembre à mai inclus (avec un maximum peu net en février). Dès le début du mois de juin, le débit diminue fortement pour aboutir à la période des basses eaux qui a lieu de juillet à octobre, avec une baisse du débit moyen mensuel allant jusqu'à 0,310 m³ par seconde au mois d'août, ce qui reste très confortable pour un cours d'eau d'aussi petite taille. Cependant ces chiffres ne sont que des moyennes et les fluctuations de débit peuvent être plus importantes d'après les années et sur des périodes plus courtes.
À l'étiage le VCN3 peut ainsi chuter jusque 0,029 m³, en cas de période quinquennale sèche, soit 29 litres par seconde, ce qui peut être considéré comme assez sévère.
Quant aux crues, elles peuvent être assez importantes compte tenu de la taille assez modeste du bassin versant. Les QIX 2 et QIX 5 ou débits calculés de crue biennale et quinquennale valent respectivement 8,9 et 15 m³ par seconde. Le QIX 10 ou débit calculé de crue décennale est de 18 m³ par seconde, le QIX 20 de 22 m³, tandis que le QIX 50 n'a pas été calculé, mais peut être estimé à 25 m³ par seconde.
Le débit instantané maximal enregistré à Saint-Marcellin-en-Forez durant cette période, a été de 42,20 m³ par seconde le 2 décembre 2003, tandis que le débit journalier maximal enregistré était de 28 m³ par seconde le même jour. Si l'on compare la première de ces valeurs à l'échelle des QIX de la rivière, l'on constate que cette crue était extrêmement forte, bien plus importante que le niveau d'une crue cinquantennale. Il s'agissait sans doute d'une crue plus que centennale et donc tout à fait exceptionnelle.
Au total, la Mare est une rivière assez abondante, bien alimentée par les précipitations des monts du Forez. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 287 millimètres annuellement, ce qui est, il est vrai, inférieur à la moyenne de la France entière tous bassins confondus (320 millimètres), mais nettement supérieur au bassin de la Loire (244 millimètres). Le débit spécifique de la rivière (ou Qsp) atteint de ce fait le chiffre de 9,1 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin. (Wikipédia)".